28 sept. 2011

Sirop, sorbet et moucharabieh


Du radical sémitique /*šrb-/ « boire » provient la racine arabe شرب /šariba/ qui possède le même sens. De là de nombreux dérivés qui désignent différents breuvages ont été empruntés par le français et parmi lesquels le mot شراب /šarāb/ « boisson » duquel est issu le mot francisé sirop. En arabe comme en français ce mot en est venu à signifier aussi bien boisson que vin et par métaphore on utilise le verbe « siroter » pour « boire de l’alcool ».

De la même racine dérive l’arabe dialectal شربة /šurbat/ ou chorba qui désigne une soupe maghrébine algérienne servie notamment pendant le mois de ramadan et dont le nom a servit de support à l’organisation humanitaire « Une Chorba pour Tous ». La langue turque s’est emparé du mot sous la forme çorba /čorba/ « soupe » et l’a transmis à certaines langues des pays administrés par l’Empire ottoman. A partir de ce mot ceux-ci ont créé un grade chez les janissaires nommé çorbacı /čorbaje/ qui pourrait se traduire par « serveur de soupe » ou mieux « celui qui nourrit avec de la soupe ».

Aujourd’hui encore, en turc de tous les jours ce terme signifie « patron » et on le rencontre comme patronyme (Chorbadzhi) dans la région. C’est encore de l’arabe شربة /šurbat/ mais à travers sa prononciation turque şerbet /šerbet/ que nous avons créé le mot sorbet pour initialement désigner une boisson fraîche ou glacée.
Plus étrangement, le moucharabieh مشربية /mušarabīat/ possède lui aussi un nom provenant de cette racine arabe. Il semble qu’initialement le nom de ce panneau de bois ajouré permettant de voir sans être vu désignait plutôt le lieu où on stockait ou buvait de l’eau fraîche.


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