21 févr. 2012

Rame et ramette


Une rame est un « paquet de 500 feuilles de papier », plus précisément 25 mains de 25 feuillets. Ce mot provient à travers l’espagnol resma de l’arabe رزمة /rizmat/ qui signifie « ballot, paquet » et qui désignait à l’époque les paquets de feuilles de papier chiffon introduit en Espagne par les Arabes. Aujourd'hui on utilise plus fréquemment le mot ramette qui est plus souple sur le nombre de feuilles (de 125 à 500). Les noms de famille Rametz ou Ramette provienne d'une autre origine qui se rattache aux mots rameau, ramage.

Philippe Ramette

Par extension, le mot rame en est venu à définir un ensemble véhicules attachés et plus spécialement les wagons du métro parisien.

17 févr. 2012

Fennec et chacal


            Le fennec, ce petit canidé du désert aux larges oreilles possède un nom emprunté par le français à l’arabe فنك /fanak/ qui le tenait lui-même du persan فنج /fanaj/. Ce mot a naturellement essaimé dans les langues de la Méditerranée et notamment en maltais. Dans cette langue (sémitique), le mot fenek ou fenech a toutefois pris le sens de « lapin » un autre animal aux longues oreilles. Les Maltais se sont servis de ce mot pour faire le patronyme Fenech que l’on retrouve par exemple dans le nom d’un président de l’île, monsieur Eddie Fenech Adami.

         Comme pour le fennec, c’est du persan que nous vient le nom du chacal et plus précisément du mot شغال /šaġal/, voisin, voire emprunté au sanskrit de même sens शृगाल  /śagāla/. On retrouve dans ce mot le binôme  गल /gala/ « avaler » cognat (apparenté) du français gueule

         Cet animal est souvent confondu avec le loup et l’afro-asiatique /*dhi’b/ désignait aussi bien le loup que le chacal ou la hyène. De cette racine /*dhi’b/ découle l’hébreu זאב /zab/ « loup, bête féroce » et on trouve dans la bible un prince qui porte le nom de Zeeb. En découlent aussi l’arabe ذئب /ḏib/ « loup » (patronyme Boudhiba) ou l’égyptien ancien z3b « chacal ».

15 févr. 2012

Paradis, Bangladesh et autres pradesh


Malgré les innombrables problèmes de ce pays, les mots paradis et Bangladesh partagent une étymologie commune dans leur syllabe finale. Le mot /daeza/ « mur » qui compose l’étymon /pairidaeza/ de paradis est issu du verbe avestique /diz-/ « construire », lui-même provenant de la racine indo-européenne /*dheigh/ « former, construire ». Celle-ci a aussi donné le sanskrit   देश /deśa/ « pays » qui entre dans la composition de plusieurs toponymes d’états de la République indienne :

  • l'Himachal Pradesh,   हिमाचल प्रदेश  /himājal pradeś/ « pays (/pradeś/) de l’hiver (/himā/, voir Himalaya) agité (/tjal/) »,
  • l’Andra Pradesh   आंध्र प्रदेश  /āndra pradeś/ « pays des Andra »,
  • l’Arunachal Pradesh   अरुणाचल प्रदेश  /ārunājal pradeś/ « pays de la montagne de l’aurore  »  (/ārunā/ « rouge, aurore » - /ā/ « privatif » + /tjal/ « mobile » = immobile, montagne),
  • l’Uttar Pradesh   उत्तर प्रदेश   /ūttar pradeś/ « pays du nord »,
  • le Madhya Pradesh   मध्य प्रदेश   /madhya pradeś/ « pays du milieu » 
  • le Bangladesh  बांग्लादेश  /banglādeś/  « le pays des Benglas » qui n'a été jusqu'à la partition de l'Inde en 1947 qu'une de ses régions. 


De la racine indo-européenne /*dheigh/ est aussi issu le latin fingere « modeler dans l’argile » (d’où le français figurer, feindre ou fiction), suivant en cela une règle de phonétique selon laquelle le /dh/ indo-européen se transforme régulièrement en /f/ dans le latin.