Le Moïse biblique avait un frère nommé Aaron qui fut désigné comme prêtre, lui et toute sa descendance masculine. Il fut dès lors appelé כהן /kohan/ qui signifie « prêtre ». C'est ce mot qu'on rencontre sous la forme Cohen qui est un patronyme courant. Suivant les langues ce mot a été altéré comme c'est par exemple le cas de l'allemand Cohn ou de l'alsacien Kahn.
Le mot כהן /kohan/ provient d’une racine sémitique qui a aussi donné l’arabe كهن /kahana/ « être devin, prêtre » dont provient aussi bien le mot كاهن /kāhin/ « prêtre » que son féminin كاهنة /kāhinat/ qui signifie « prêtresse, devineresse ». C'est dans ce second sens péjoratif qu'est connue Kahena, une reine berbère des Aurès du 7ème siècle qui résista à l'islamisation du Maghreb. Ce mot est aujourd'hui utilisé comme prénom féminin et plutôt par les Kabyles.
Les descendants des cohanim (pluriel de /kohan/) doivent respecter certaines prescriptions visant à ne pas altérer leur pureté rituelle notamment la prohibition du contact avec des cadavres qui n’est pas sans rappeler celle imposée aux brahmanes hindous.
On trouve aussi le patronyme Kahn chez des non-juifs mais dans ce cas là il provient de l'allemand kahn "barque".
Le patronyme Kahn est prononcé en français de la même façon que le nom de famille Khan que l'on rencontre plutôt dans l’Asie musulmane.
Shahrukh Khan |
Pourtant, le terme khan est un mot turco-mongol qui se prononce /khan/ comme le français rane. Il désigne à l’origine un seigneur, un prince, il est une contraction du mot khanqan qui signifie « souverain ». C’est ce mot Khan qu’on rencontre dans le nom des superstars indiennes Shahrukh Khan et Aamir Khan. On le trouve comme nom commun dans toute la sphère turco-mongole (turkmène han /khan/ « dirigeant », azéri хан /khan/) et les Arabes ont gardé le mot خان /khān/ comme titre honorifique. Le khanat est l’empire d’un khan mais il est aussi un suffixe employé dans la plupart des langues turques dans lesquelles il exprime une notion de lieu (turkmène ÿatakhana « hôtel », kazakh ғибадатхана /ibadatkhana/ « temple »). On le rencontre également emprunté dans le persan خانه /khanat/ où il signifie « maison » (چای خانه /tchaï khanat/ « maison de thé »).
Pour finir, ce mot Khan est employé en français avec une phonétique encore différente quand on parle du titre héréditaire des imams ismaéliens, l’Aga Khan. Ce qu’en français on prononce /aga kan/ se prononce en fait آغا خان /agha khan/, une compilation de deux titres turco-mongols.
Si vous avez bien suivi, vous savez donc qu'il n’y a aucun rapport entre le nom de Dominique Strauss-Kahn, celui de Jean-François Kahn et celui de Gengis Khan.