Noé, un des patriarches de la bible avait trois fils qu’il sauva dans son arche lors du déluge. Ces trois enfants ont – d’après le récit biblique – donné naissance aux trois « races » alors connues à cette époque. Les descendants de Sem allaient devenir les Asiatiques, les descendants de Cham devenir les Africains alors que ceux de Japhet étaient les Européens.
Cette classification biblique allait marquer les monothéistes et notamment les chrétiens et jusqu’aux scientifiques qui s’en servirent autant pour décrire les peuples que pour les classer. Ainsi l’ethnologie naissante et raciste au service de gouvernements expansionnistes justifia l’esclavage puis la colonisation des Noirs par la malédiction biblique d’asservissement de Sem sur la descendance de son frère Cham. C’était encore au XXème siècle la position de l’État sud-africain sur sa politique d’apartheid.
Les linguistes, découvrant la classification des langues en famille, reprirent l’idée biblique et donnèrent à une des familles le nom de sémitique, à un autre le nom de chamitique. Elles devaient se retrouver ensemble dans la superfamille chamito-sémitique renommée plus tard afro-asiatique. Les peuples que la bible classait comme sémitiques parlaient des langues qui, dans leur majorité, correspondent au classement linguistique actuel si on y ajoute le cananéen et l’amorite et qu’on y soustrait l’élamite. Les principales langues sémitiques actuelles sont l’hébreu, l’arabe, le maltais, l’amharique et le tigrinya. A cette liste viennent s’ajouter des langues qui ne sont plus parlées telles l’akkadien ou le phénicien et d’autres qui ne sont plus parlées que par quelques centaines de milliers de personnes : l’araméen ou le mehri.
Le nom de Sem provient du grec Σημ Sem qui avait altéré l’hébreu שם /šem/ qui signifie « nom » ou « renommée ». Le nom de son frère Cham provient de l’hébreu חם /ẖam/ « chaud » issu de la même origine sémitique (*/ḥum/) que l’arabe حمّ /ḥamm/ « chauffer ». C’est un mot que l’on retrouve dans le mot hammam حمّام /ḥammām/ « bain » ou dans le nom de la ville de Hammamet (الحمامات /al-ḥamāmāt/) « les bains ». On trouve même un patronyme : Hammami. Du mot araméen voisin תמּח /ẖammath/ « bain chaud » et après avoir transité par le grec ΄Εμμαούς emmaous provient le nom de la ville jordanienne d’Emmaüs.
D’après la bible, Cham eut un fils qui reçut le nom de Mitsraïm que plusieurs langues utilisent pour nommer l’Egypte. C’est par exemple le cas de l’arabe مصر /miṣr/, de l’hébreuמצרים /mitsaym/, du hindi मिस्र /misr/ ou du grec Μισίρι misiri qui l'utilise pour nommer la ville du Caire.