Le mot maghrébin فردة /fardat/ désigne « une partie de la charge d’une bête de somme (chameau)» et il semble bien être l’étymon du français farde « charge, bagage » d’où provient le mot fardeau. Le mot arabe dérive de la racine فرد /fard/ « unité, seul » d’où provient aussi le prénom فريد Farid et son féminin Farida. Le provençal farda ou fardel a servi d’intermédiaire entre le l’arabe et le français et c’est lui qui a donné les patronymes Fardel et Fardin qui désignaient des porte-faix. C’est encore ce mot provençal qui à travers la prononciation gasconne ou béarnaise de farde /hard/ a donné le mot hardes, suivant un glissement de sens : fardeau → ballot → vêtement.
Ce mot hardes est à ne pas confondre avec son homonyme harde qui lui est d’origine indo-européenne, le francique (germanique) /*herda/ signifiant « troupeau » (cf. anglais herd).
Une confusion courante consiste à dire harde là où on veut dire horde. Ainsi la harde de cerf est parfois poursuivie par une horde de loups et vice-versa. Cette proximité phonétique est pourtant abusive, le mot horde provenant d’un mot ouralo-altaïque que l’on retrouve aussi bien dans le turc ordu « armée, camp militaire » que dans le mongol orda de même sens. La horde désignait la tente qui servait de centre de commandement ou de palais chez les populations nomades turco-mongoles du 13èmes siècle en Asie centrale. Par extension, horde signifie « tribu nomade » mais a pris un caractère péjoratif dans les langues des peuples victimes de leurs invasions. On trouve la trace du mot dans le nom de la ville d’Ordos, en Mongolie intérieure en Chine. De ces hordes souvent qualifiées de sauvages, nous avons retenu le nom de la Horde d’Or (Altın Ordu en turc (voir laiton°)) et celui de la Horde Rouge comme on en trouve la trace dans le nom turc de la ville kazakhe Қызыл-Орда Kzyl-Orda « horde rouge ». On parlait de nombreuses langues dans ces hordes, la plupart étaient des langues turco-mongoles mais ces envahisseurs ont parfois adopté les langues de leurs sujets. Ça a par exemple été le cas de l’ourdou, langue indo-iranienne qu’ils avaient nommé معلى إردو زبان /zaban ordu mucalla/ littéralement « langue du camp exalté ».
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