Canaan  était le nom de l’antique région qui recouvre l’actuel littoral qui va  du Liban à la bande Gaza. L’ancien testament fait provenir ce nom de  celui de כנען    /kena’an/  « Canaan », un des fils de Cham et c’est de cette région prospère que  proviennent les Phéniciens. Eux-mêmes donnaient à leur langue le nom de 
  /kana'nīm/  « cananéen », une langue sémitique qui constitue dans son ensemble le  substrat de ce qui allait devenir l’arabe. Les Libanais d’aujourd’hui en  sont les descendants. Des villes maritimes de Tyr, Sidon ou Byblos sont  partis les Phéniciens qui allaient fonder dans toute la Méditerranée  des colonies telles que Carthage, Cadix, ou Malaga. La culture et la  langue des Phéniciens allaient persister longtemps après la chute de la  civilisation de Canaan et laisser des traces profondes dans l’Occident  naissant. 
         Les Phéniciens se donnaient le nom de 
 /bani kan'an/ « fils de Canaan » et ce sont les Grecs qui leur donnèrent l’exonyme de Phéniciens. Il provient du mot Φοινίκη Phoiniké lui-même emprunté à l’ancien égyptien fnkhw « Syriens ». A cause de sa proximité phonétique, les Grecs ont ensuite rapproché le mot Phoiniké d’un autre mot grec φοῖνιξ phoînix « phénix  ». Le phénix était un oiseau fabuleux qui avait la propriété de pouvoir  renaître des cendres issues de la combustion de son corps. Mais le mot  grec avait précédemment été emprunté au verbe égyptien wbn « se lever (parlant du soleil), briller » duquel provient le mot 
   ou 
 bnw qui désigne le bénou, l’oiseau mythique égyptien à l’origine du phénix grec. 
         Néanmoins, le mot φοῖνιξ phoînix avant de désigner l’oiseau servait déjà à nommer la pourpre, la couleur produite par un petit coquillage (Murex brandaris).  La pourpre jouait un rôle important dans la civilisation  méditerranéenne de l’époque et ce sont les Phéniciens qui avaient  découvert le procédé de fabrication perdu et jamais retrouvé depuis. Le  mot pourpre lui-même nous provient de l’autre mot grec qui le désigne πορφύρα porphura duquel nous avons aussi tiré l’adjectif purpurin. D’un coquillage du même genre (Murex trunculus),  les Phéniciens tiraient une autre teinte bleue pourpre et il est  intéressant de noter que le nom Canaan provient certainement de  l’akkadien /kinahhu/ qui signifie « coquillage à la parure bleue ».
         Les  Phéniciens qui contrôlaient une grande part du commerce maritime  méditerranéen se trouvèrent rapidement en concurrence avec la puissance  romaine. Ce sont ces Romains qui ont déformé leur nom grec en le  latinisant sous la forme pūnicus duquel le français a tiré le mot punique  principalement utilisé comme adjectif notamment pour désigner par le  terme « guerres puniques » les affrontement successifs qui se produirent  entre Romains et Phéniciens. 
         On rattache parfois à l’adjectif « phénicien » le mot ⵜⵉⴼⵉⵏⴰⵖ /tīfīnaġ/ tifinagh  qui est le nom de l’alphabet qui sert à noter certaines langues  berbères et notamment celle des Touaregs, le tamasheq. On peut  retrancher du mot tifinagh, féminin pluriel du mot /tafīneqq/ la première syllabe (/tī/) pour voir apparaître une altération du mot phénicien (/fīnaġ/) souligne l’origine orientale de cette graphie. C’est d’ailleurs une lettre tifinagh, la lettre ⵣ /z/  qui symbolise actuellement l’identité berbère.
merci monsieur pour cet article qui m'a aidé rapidement, clairement, intelligemment et complètement, dans une langue agréable.
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I found the history of Phoenician culture and language fascinating.
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