30 juin 2011

Bardot et El-Baradei au paradis


Les soldats français positionnés en Afrique ont ramené, sous la forme barda, le mot arabe بردعة /bardacat/ qui désigne le bât de l’âne. La langue française en a retenu l’idée de « charge à porter » mais aussi de couverture, de protection, d’enveloppe comme on en trouve l’idée dans les mots dérivés que sont le verbe barder (une viande) et le substantif bardeau. En parallèle, nous avons emprunté l’italien bardotto qui provient de la même source et dont nous avons tiré le mot bardot qui désigne le résultat de l’hybridation d’un cheval et d’une ânesse. Il a pu d’ailleurs subir l’influence de l’arabe برذون /biraūn/ qui signifie « mauvais cheval » un peu dans l’esprit d’un autre mot emprunté à l’arabe, le mot brêle qui nous provient de la forme plurielle (بغال /biġāl/) de l’arabe بغل /baġl/ « mulet ».
L’adjectif tiré du mot بردعة /bardacat/ est l’origine du patronyme البرادعي /al-barādicy/ porté par l’ancien directeur (Mohammed El Baradei) de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) et prix Nobel de la paix 2005.


Néanmoins, le mot arabe بردعة /bardacat/ n’est pas un mot sémitique mais a lui-même été emprunté au persan پرده /purdah/ qui a du signifier « couverture » mais a plutôt pris le sens moderne de « rideau ». De toute façon, c’est un mot qui porte la notion de « couvrir » puisque c’est lui qui désigne le purdah, le voile islamique dont les Iraniennes se couvrent intégralement.
Cette origine persane nous autorise à rattacher tous ces mots à la racine indo-européenne /*pr-/ qui signifie « autour » de laquelle sont issus les mots grecs composés du suffixé /péri-/ (périmètre, périphrase, périscope…), le sanskrit पीर /parī/ « autour » mais aussi le mot paradis.
Celui-ci nous vient du latin paradisus, lui même tiré du grec parádeisos qui l’a emprunté à l’ancienne langue d’Iran, l’avestique, langue dans laquelle paradis se disait /pairidaeza/ et avait le sens de parc fermé. On peut découper ce mot en deux parties, la première /pairi/ issue comme on l’a vu d’un mot qui signifie « autour » et de la deuxième /daeza/ « construction, mur », un mot voisin du sanskrit देश /deśa/ « pays » (comme dans Bangladesh).
Par une extension de l’idée de paradis, le français a crée le mot parvis pour désigner la place ouverte se situant devant une église.
L'arabe جنة /janat/ "paradis" possède un synonyme emprunté au persan et adapté à sa phonétique sous la forme فردوس /firdaūs/ qui est aussi un prénom.

Et on se prend à imaginer Brigitte Bardot en purdah au paradis et El-Baradei chevauchant une brêle sur un parvis...

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