2 juin 2012

Jubiler le jubilé

Bouc ( יובל yobel)
qui jubile
En plus du Yom Kippour annuel, la tradition juive a connu une fête durant laquelle toutes les peines et les dettes étaient déclarées caduques. Cette fête avait la particularité d’être célébrée tous les cinquante ans et était annoncée par le son émis d’une corne de bélier connue sous le nom de יובל /yobel/ « bélier ou corne de bélier ». C’est ce mot que la tradition chrétienne a retenu sous la forme jubilé. Il est ensuite entré dans le langage courant pour désigner une célébration, non seulement tout cinquantième anniversaire, mais aussi toute date à compte rond ayant valeur symbolique. Le latin ecclésiastique jubilaeus qui a servi d’intermédiaire a subi l’influence du mot latin jubilare qui signifiait « pousser des cris » et qui nous a laissé les mots jubilation, jubilatoire et jubiler qui n’ont évidemment aucun rapport étymologique avec le mot jubilé.



Aujourd’hui encore dans les synagogues et lors des fêtes du Yom Kippour et de Rosh Hashanah on fait sonner une autre trompette faite de corne de bélier et appelée שופר /šōfar/ « corne (de bélier), shofar ». Cependant le premier mot en hébreu pour le mot corne dans son sens large est le mot קרן /kehren/, voisin de l’arabe قرن /qarn/ étrangement proches du français corne qui provient pourtant, à travers le latin cornu, de l’indo-européen /*ker/ « objet protubérant ».