12 sept. 2012

Divan à la douane de commerce


Clip pour la présidentielle de N.Sarkozy



Le français douane provient de l'arabe ديوان /dīwān/ qui signifie “bureau, secrétariat” et c'est aussi de ce dernier qu'est dérivé le mot divan : l'administration ottomane aimait recevoir sur de petits meubles bas recouverts de coussins. La forme /divã/  est d'ailleurs la prononciation turque du mot arabe.

Cependant celui-ci est un emprunt au persan /diwan/ “registre” lui même issu du sumérien /dub/
“tablette (d'argile), texte sacré”. Le mot sumérien est aussi à l'origine du persan دبیر /dabir/ “enseignant” que l'on retrouve dans le mot دبیرستان /dabirestān/ “université”.

De ce même étymon sumérien provient le mot arabe et persan أدب /adab/ “politesse, urbanité” qui désigne aussi la façon qu'on les musulmans d'Asie de se saluer en portant leur main droite au front, l'adab




Dans les pays arabophones, il n'y a guère qu'en Tunisie que l'on se sert du mot ديوانة /dīwānat/ pour rendre le sens de douane ailleurs c'est le mot جمارك /jamārik/ qu'on utilise et il prend la forme /gamārek/ en Egypte. Ce mot est emprunté au turc gümrük “douane” provenant lui-même du persan گمرک /gomrok/ qui l'avait précédemment hérité du latin commercium /komerkium/...

Pour résumer, le mot douane n'est pas d'origine arabe mais d'origine sumérienne alors que le mot arabe جمارك est d'origine latine.


2 juin 2012

Jubiler le jubilé

Bouc ( יובל yobel)
qui jubile
En plus du Yom Kippour annuel, la tradition juive a connu une fête durant laquelle toutes les peines et les dettes étaient déclarées caduques. Cette fête avait la particularité d’être célébrée tous les cinquante ans et était annoncée par le son émis d’une corne de bélier connue sous le nom de יובל /yobel/ « bélier ou corne de bélier ». C’est ce mot que la tradition chrétienne a retenu sous la forme jubilé. Il est ensuite entré dans le langage courant pour désigner une célébration, non seulement tout cinquantième anniversaire, mais aussi toute date à compte rond ayant valeur symbolique. Le latin ecclésiastique jubilaeus qui a servi d’intermédiaire a subi l’influence du mot latin jubilare qui signifiait « pousser des cris » et qui nous a laissé les mots jubilation, jubilatoire et jubiler qui n’ont évidemment aucun rapport étymologique avec le mot jubilé.



Aujourd’hui encore dans les synagogues et lors des fêtes du Yom Kippour et de Rosh Hashanah on fait sonner une autre trompette faite de corne de bélier et appelée שופר /šōfar/ « corne (de bélier), shofar ». Cependant le premier mot en hébreu pour le mot corne dans son sens large est le mot קרן /kehren/, voisin de l’arabe قرن /qarn/ étrangement proches du français corne qui provient pourtant, à travers le latin cornu, de l’indo-européen /*ker/ « objet protubérant ».


26 mai 2012

Un chouia de X pour macache


Les civilisations anciennes utilisaient déjà des signes mathématiques pour noter l’algèbre. Ainsi les Chinois pour représenter l’inconnue d’une équation utilisaient et utilisent toujours le signe  qui est aussi le symbole monétaire du Yuan. Dans le monde arabo-musulman, c’est le mathématicien persan Al-Khawarizmi qui va populariser la lettre ش  /š/, initiale de l’arabe شيء écouter /šayc/ « chose (à trouver, à déterminer) » pour signifier l’inconnue. Cette idée va être reprise par le savant berbère Al-Qalasadi et les Espagnols reprendront la notion par la transcription x qui est la notation espagnole médiévale du son  /š/.  En gros, x est l’abréviation espagnole de l’arabe شيء /šayc/ « chose ».

LatinArabe
z = x + iy = r(\cos{\varphi}+i \sin{\varphi})= r e^{i\varphi} = r\angle{\varphi}Arabic mathematical complex analysis.PNG
Voir ce lien pour plus de précision

Le mot arabe شيء   /šayc/  « chose » a été emprunté par plusieurs langues. C’est par exemple le cas du turc şey écouter  /šey/ ou du persan شى  /šy/  « chose » mais aussi du français chouïa. En effet, le mot arabe شوية /šūyat/ « un peu », diminutif du mot شيء   /šayc/  est entré dans la langue parlée par l’intermédiaire des militaires postés dans le Maghreb.

En arabe maghrébin, le mot شيء   /šayc/  joue aussi un rôle grammatical exprimant la négation. Il est par exemple présent dans la dernière syllabe de l’expression /mā kānš/ « il n’a pas, rien » altéré par le français lors de son emprunt en macache.




21 mai 2012

Ambre jaune et ambre gris


Le mot ambre a une histoire un peu complexe parce qu’il désigne deux choses complètement différentes :

Le parfum Voile d'ambre
joue sur les deux registres
de l'odeur et de la couleur
- dans son acception la plus courante, l’ambre désigne une pierre qui n’est pas minérale puisqu’elle est une résine fossile à laquelle on a toujours prêté des pouvoirs magiques et son nom est lié à l’immortalité voir ambroisie. Elle contient parfois des insectes ou des débris de végétaux, et comme l’a décrit Thalès elle s’électrise très facilement, au point que son nom grec ήλεκτρο /électro/ « ambre jaune » nous a donné le mot électricité. Parce qu’on la trouvait sur les plages, on a longtemps cru que l’ambre était née de l’eau et ceci a du contribuer à la confusion avec son homonyme, l’autre ambre que l’on appelle alors l’ambre gris.

- l’ambre gris dérive à la surface des océans, il est une concrétion intestinale de certains cétacés et notamment des cachalots qui ne peuvent digérer les becs de calmars. Son nom provient d’ailleurs de l’arabeعنبر  /canbar/ « cachalot, ambre ». Cette substance recherchée possède une odeur très forte qui entre dans la composition de nombreux parfums.

L’adjectif « ambré » peut lui donc qualifier, soit l’odeur, soit la couleur d’une chose. On parle ainsi de la couleur ambrée d’une bière en référence à l’ambre (jaune), et de l’odeur ambrée d’un parfum en référence à l’ambre gris. A vous de choisir l'étymologie du prénom Ambre...

16 mai 2012

Atoll, récif et corail

Formation d'un atoll
Avec les navigateurs orientaux nous est venu le vocabulaire relatif aux îles tropicales comme c’est par exemple le cas du mot atoll. Il nous provient des lointaines Maldives, îles dans lesquelles est parlée la langue divéhi (ou dhivehi) qui se note avec un système consonantique dérivé de l’alphabet arabe. En divéhi, le mot އަތޮޅު /ātholh/ « atoll » désigne ces petits îlots coralliens qui composent les îles Maldives ou Lakshadweep.  Le mot divéhi a peut-être comme origine le malayâlam അടോലു /atolu/ « récif » qui pourrait être dérivé du mot അതല /atal/ « profond ». Une autre piste propose comme origine au mot divéhi le persan /ab-tal/ qui signifie littéralement « monticule d’eau ».

          Le mot récif, étroitement lié à ce milieu, a lui été emprunté en premier lieu à l’espagnol arracife qui désignait une « chaussée ». Celui-ci provient en fait du mot arabe الرصيف /ar-raṣīf/ qui désigne une « jetée » ou une « plate-forme » signifie aussi par le binôme الرصيف صخريّ  /ar-raṣīf ṣaẖryy/ « plate-forme rocheuse », « récif, écueil ». En arabe moderne, le mot الرصيف /ar-raṣīf/ désigne plutôt un « trottoir » alors que l’espagnol contemporain utilise le mot arrecife dans le sens de « récif » ; c’est parce qu’elle est située près d’un récif que la ville brésilienne de Recife porte ce nom.

Les récifs sont composés d’algues calcaires et de corail. On ne connaît pas précisément l’origine du mot corail mais on suppose une origine sémitique au grec κοράλλιον /korallion/. Son étymon pourrait bien être l’hébreu גורל /goral/ qui signifie « petite pierre » et que l’on trouve plusieurs fois dans la bible (Lévitique 16.8 ou Psaumes 125.3). 

3 mai 2012

Mani le manichéen à Manipur


Roman sur
l'histoire de Mani
         A travers l’adjectif manichéen, le nom de Mani résonne toujours en français. Bien que la doctrine du fondateur du manichéisme fut profondément simplifiée par ses détracteurs, une des bases de cette religion était fondée sur la dualité, sur l’opposition entre le jour et la nuit, entre le bien et le mal voir Bogomile. Saint Augustin fut un manichéen avant de se convertir au christianisme et de s’attaquer à son ancienne foi.

Om mani padme hum en tibétain
Né à Babylone de parents qui parlaient une langue sémitique (syriaque ou araméen), Mani porte pourtant un nom indo-persan. La Mésopotamie du 3ème siècle après Jésus-Christ était alors sous domination perse et ce patronyme est largement utilisé dans toute la région allant de l’Iran à l’Inde. Le persan مانی /mānī/ est un cognat du sanskrit मणि /mani/ « bijou, joyau » qui est aussi utilisé dans le mot मणि पद्मे /manipadmā/, le nom de la forme féminine du bodhisattva Avalokitésvara. C’est en son  honneur que les bouddhistes récitent le mantra suivant : मणि पद्मे हूँ /au  mai padme hūm/ « ô joyau du lotus, ôm mani padme hum ». Le Dalaï-Lama étant considéré comme sa réincarnation, ce mantra lui est aussi destiné.

         Le 3ème chakra du yoga tantrique situé au niveau du plexus solaire porte le nom sanskrit de मणिपुर /manipūra/ « abondance de joyaux » et ce mot a aussi servi à nommer l’Etat indien de Manipur, un des états les plus à l’est du pays, coincé entre le Bangladesh et la Birmanie.



Oṃ maṇi


30 avr. 2012

La jungle est un désert, le Sahara aussi


 Le mot jungle provient d’un mot indien, du hindi ou du marathi जंगल /jangal/ « forêt ». Ces deux mots proviennent de l’adjectif sanskrit जङ्गल /jangala/ qui contre toute attente signifie « aride, désert ». Il désignait un endroit incultivable, inhabité par les hommes et ce n’est qu’assez récemment qu’il a subi un glissement de sens vers celui de forêt impénétrable.
Le mot de l'Inde sur Courrier international

Djamila Sahraoui
Réalisatrice
En arabe c’est la couleur même du désert qui est à l’origine du mot Sahara. Dans cette langue, le mot صحراء  /ṣaḥarā’/ « (de) couleur fauve, ocre » désigne aussi bien le nom de n’importe quel désert que celui du Désert par excellence, le Sahara. Nous avons hérité de la période coloniale le mot saharienne qui désigne une veste de couleur sable. Les habitants du Sahara et notamment du Sahara Occidental sont appelés Sahraouis et non Sahariens suivant en celà la formation arabe des adjectifs qui se terminent en /i/.

24 avr. 2012

Idriss à la médersa et midrash à Madras


 L’origine du nom de la ville indienne Madras porte à discussions. On a proposé différentes pistes pour expliquer ce mot : le portugais madre de Deus « mère de Dieu », madeiros « de Madère », le sanskrit मंदराष्ट्र /maṇdarāṣṭra/ « royaume de Manda », le tamoul மதராசபட்டினம் /matarācapaṭṭiṉam/ ou (mais moins probablement) l’arabe مدرسة /madrasat/ « école ».

Ce dernier provient de la racine درس /darasa/ « étudier » comme en provient aussi le prénom Idris (Idriss ou Driss), nom d’un prophète coranique connu dans la bible sous le nom d’Énoch qui serait inventeur de l’écriture.
Notre mot français médersa est la prononciation turque de l’arabe مدرسة /madrasat/ (madrasa)  « école » bien que le turc moderne utilise aujourd’hui le mot d’origine française okul.
La racine arabe provient elle-même de l’ouest-sémitique /*drš/ « étudier, chercher » que l’on retrouve dans l’hébreu דרש /daraš/ « chercher » qui a donné le mot מדרש midrash, une étude approfondie de la bible dans le judaïsme.



C’est dans cette ville de Madras que l’étoffe de coton ou de soie appelée madras était originellement fabriquée et largement exporté dans les Antilles françaises.

Comme de nombreuses villes indiennes, Madras a récupéré son nom d’origine சென்னை Chennai qui est un mot tamoul.


20 avr. 2012

Berné par le burnous et le béret

Le burnous
Michel Giliberti
Le burnous même s'il désigne un long vêtement de laine porté surtout en Algérie n'est pas un mot d'origine arabe. L'arabe برنوس /burnūs/ provient en fait de la bure, de ce tissu grossier duquel on recouvrait les bureaux et duquel on faisait les robes de bure des moines. C'est aussi dans cette étoffe que par jeu parfois vexatoire on faisait sauter les gens et c’est ce qui a conduit à la formation du verbe berner. Ce mot a un peu évolué dans son sens mais comporte toujours la notion d'expérience désagréable.

Avant de désigner un manteau, le mot burnous désignait une petite calotte et c'est du même étymon que provient le mot béret.

Tous ces mots proviennent soit du grec βιρρος /birros/ soit du latin vulgaire *bura sans que l'on sache très bien lequel a emprunté l'autre.

17 avr. 2012

Bougran de Boukhara, Bekhti au Bihar


Marco Polo parle dans son récit de voyage d’une fine étoffe de coton qu’il appelle boquerant. C’est ce mot qui nous est parvenu dans le français moderne sous la forme bougran mais pour désigner une toile épaisse utilisée comme doublure. C’est encore le même mot mais sous sa forme anglaise buckram qui désigne une toile à base de coton utilisée en reliure.

Tous ces mots semblent bien provenir d’une altération du nom de la ville de Boukhara située en Ouzbekistan, celle-là même d’où provenait l’imam persan محمد البخاري Muhammad Al-Bukhari ou Boukhari un des fameux compilateurs des hadith du prophète de l’islam. C’est aussi de Boukhara que vient la famille Boukharine dont une de ses représentant fut le bolchévique Никола́й Ива́нович Буха́рин Nikolaï Ivanovitch Boukharine.

Boukhara

On a au moins deux possibilités pour expliquer le nom de Boukhara.


Leïla Bekhti
La première le fait descendre du sogdien (moyen-persan) dans lequelle le mot βuxārak /buẖārak/ signifie « lieu de chance ». Les deux premières syllabes sont issues de la racine indo-européenne /*bhag-/ « séparer, diviser » voir Baghdad qui en est venue à signifier chance dans plusieurs langues indo-iraniennes : sanskrit भाग /bhāga/ « bonne fortune », romani baxt /baẖt/ ou persan /بخت/baẖt/ « chance ». Celui-ci a été emprunté (entre autre) par l’arabe بخت /baẖt/ « chance » à son tour emprunté par le swahili ou le shimaore bahati « chance ». C’est aussi de l’arabe que provient le patronyme Bekhti (comme celui de Leïla Bekhti) ou le prénom Bekhta
En Iran on trouve le patronyme Bakhtiar tel celui de l'ancien premier ministre iranien Shapour Bakhtiar
.
La deuxième hypothèse serait le sanskrit विहार /vīhāra/ « temple bouddhiste » en référence à un temple situé dans les environs de Boukhara. Ce mot sanskrit est aussi à l’origine de Bihar, nom d’un état du nord de l’Inde ou de la province cambodgienne Preah Vihear « temple sacré » en khmer.





15 avr. 2012

Karajan au Karabagh et Kurosawa en calicot





Emmanuel Poiré était un caricaturiste français de la fin du 19ème siècle, très connu en son temps sous son nom d’artiste Caran d’Ache. Né à Moscou de père français il avait emprunté ce pseudonyme au russe карандаш /karandaš/ qui signifie « crayon », lui-même issu du turc kara taş /karataš/ « pierre (/taš/) noire (/kara/. Au 20ème siècle, une société suisse fabriquant des produits de papeterie c’est servi de ce nom pour baptiser l’entreprise Caran d’Ache devenue célèbre chez les écoliers des années 30 pour avoir mis sur le marché le premier porte-mine à pince (Fixpencil)

Le turc kara « noir » est aussi à l’origine de différents autres patronymes tels que Kara « noir », Karakachian « aux sourcils (kaş /kaš/) noirs » ou Karajan « Jean noir », nom d’un célèbre chef d’orchestre autrichien.

Dans la toponymie de l’Asie centrale, le mot kara est récurent :
           Karaboroun « nez noir ». Le mot turc burun signifie nez mais aussi en géographie « cap ». (бурун /burun/ en azéri et en turkmène),
         la Karakalpakie est la patrie des Каракалпáк Karakalpaks « colbacks noirs », peuple d’Ouzbékistan,
          le Karakoum « sable noir » est un désert du Turkménistan alors que le Karakoram de même sens est une région de l’Himalaya indo-pakistanais (гум /gum/ « sable » en azéri, en kazakh et en turkmène),
         le Karabagh se trouve enclavé en Azerbaïdjan mais, peuplé majoritairement d’Arméniens il a pris son indépendance. Son nom reflète cette complexité. Si on retrouve ici le turc kara « noir », la deuxième partie du mot est d’origine persane باغ /baġ/ « jardin ».
     le caracul est un nom commun, celui du mouton qui produit l’astrakan mais il trouve son origine dans le nom d’une ville d’Ouzbékistan nommée Karakul « lac (kül) noir ». 

Karagöz et Hacivad
   Il existe aussi en Asie et en Afrique un lynx nommé caracal (Caracal caracal) qui tient son nom du turc karakulak « oreille (kulak) noire ». Pour en finir avec cette liste non exhaustive, on peut citer le nom du personnage central du théâtre d’ombre du monde musulman et en particulier de Turquie, le Karagöz ou Karagheuz dont le nom signifie « œil (göz /gœz/) noir ». 

     Certains linguistes font remonter le proto-altaïque /*kàru/ à l’eurasiatique /*kar-/ duquel provient aussi le proto-dravidien /*kar/. On suppose que le sanskrit (voir Krishna)  काल /kāla/ a été emprunté aux langues dravidiennes [i] et c’est ce mot emprunté que l’on retrouve dans le mot kala-azar « maladie noire » dans lequel le mot azar provient du persan ازار /azār/ « blessure, attaque ». En sanskrit, le féminin du mot  काल /kāla/ est le mot काली /kāli/ et il désigne la déesse Kali, personnification terrifiante de la déesse Durga. Son nom apparait dans plusieurs toponymes indiens parmi lesquels la ville de Calcutta dont le nom sanskrit /kālīghaṭṭa/ pourrait signifier les « ghats de Kali ». Calcutta a repris récemment son nom bengali d’origine Kolkata কলকাতা  comme la ville Calicut a repris son nom malayalam Kozhikode കോഴിക്കോട് qui pourrait signifier « ville de Kali ». C’est du nom de cette ville du Kérala que le français a tiré le mot calicot. Le Kalimantan est le nom de la partie indonésienne de l’île de Bornéo et elle tient son nom du sanskrit कालीमन /kāliman/ « noirceur » suivit du malais tanah « terre ».

  On peut également trouver une origine commune avec le japonais  -  /kuro/  que l'on retrouve /kuro/ dans le nom Kuroshio ou Kuroshivo ( -  しお) « marée noire » qui est le deuxième plus grand courant marin après le Gulf Stream.  /kuro/ est encore présent dans de nombreux patronymes japonais tels que 黒澤 Kurosawa (marais noir) dont l’un de ses représentant est le réalisateur des « sept samouraïs » Akira Kurosawa.




[i] In Linguistic archaeology of South Asia Par Franklin C. Southworth


14 avr. 2012

Chimère de l'Himalaya et achimène de Zima



 On trouve en Inde du nord un état qui se nomme l’Himachal Pradesh, une région bordée par de hautes montagnes.
   Ce mot d’origine sanskrite हिमाचल प्रदेश  /himātšal pradeś/ écouter signifie « pays (/pradeś/) de l’hiver (/himā/) agité (/tšal/) ». On retrouve les deux premières syllabes du mot (/himā/) dans le nom de l’Himalayala qui en sanskrit हिमालय /himālaya/ signifie « lieu, séjour (de l’) hiver ».
   Le mot हिमा /himā/ comme le hindi  हिम /hima/ provient de la racine indo-européenne /*g'heim-/ « hiver, froid, neige » qui est aussi à l’origine du latin hiems qui lui a donné l’adjectif peu usité hiémal « relatif à l’hiver » (pluriel hiémaux).
   En découle aussi mais de façon moins évidente le latin hibernum (français hiver) ainsi que le russe Зима  /zima/ « hiver » que l’on retrouve dans certains toponymes tels que Zima, une ville proche d’Irkoutsk située sur le trajet du transsibérien. On trouve même une bière américaine nommée Zima « froid ».
Chimère
 De l’indo-européen provient également le grec χεμα /kheima/ « hiver » (grec moderne χειμώνας /kheimónas/) qui est à l’origine du mot χίμαρος  /kheimónas/  « chèvre, celle qui a passé un hiver  », étymon du monstre fabuleux chimère (que l'on devrait prononcer  /kimèr/).
   Le grec a produit d'autres mots que l'on peut rencontrer dans la langue française tels que :

        achimène /akimen/, une plante Achimenes longiflora ne supportant pas le froid
        chionophile, terme de biologie désignant une espèce appréciant le froid ou la neige
cheimaphobie ou cheimophobie qui désigne une peur irrationnelle du froid ou des orages