17 avr. 2012

Bougran de Boukhara, Bekhti au Bihar


Marco Polo parle dans son récit de voyage d’une fine étoffe de coton qu’il appelle boquerant. C’est ce mot qui nous est parvenu dans le français moderne sous la forme bougran mais pour désigner une toile épaisse utilisée comme doublure. C’est encore le même mot mais sous sa forme anglaise buckram qui désigne une toile à base de coton utilisée en reliure.

Tous ces mots semblent bien provenir d’une altération du nom de la ville de Boukhara située en Ouzbekistan, celle-là même d’où provenait l’imam persan محمد البخاري Muhammad Al-Bukhari ou Boukhari un des fameux compilateurs des hadith du prophète de l’islam. C’est aussi de Boukhara que vient la famille Boukharine dont une de ses représentant fut le bolchévique Никола́й Ива́нович Буха́рин Nikolaï Ivanovitch Boukharine.

Boukhara

On a au moins deux possibilités pour expliquer le nom de Boukhara.


Leïla Bekhti
La première le fait descendre du sogdien (moyen-persan) dans lequelle le mot βuxārak /buẖārak/ signifie « lieu de chance ». Les deux premières syllabes sont issues de la racine indo-européenne /*bhag-/ « séparer, diviser » voir Baghdad qui en est venue à signifier chance dans plusieurs langues indo-iraniennes : sanskrit भाग /bhāga/ « bonne fortune », romani baxt /baẖt/ ou persan /بخت/baẖt/ « chance ». Celui-ci a été emprunté (entre autre) par l’arabe بخت /baẖt/ « chance » à son tour emprunté par le swahili ou le shimaore bahati « chance ». C’est aussi de l’arabe que provient le patronyme Bekhti (comme celui de Leïla Bekhti) ou le prénom Bekhta
En Iran on trouve le patronyme Bakhtiar tel celui de l'ancien premier ministre iranien Shapour Bakhtiar
.
La deuxième hypothèse serait le sanskrit विहार /vīhāra/ « temple bouddhiste » en référence à un temple situé dans les environs de Boukhara. Ce mot sanskrit est aussi à l’origine de Bihar, nom d’un état du nord de l’Inde ou de la province cambodgienne Preah Vihear « temple sacré » en khmer.





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