Le mot Annam est un exonyme donné par les Chinois de
la dynastie des Tang à la région qu’ils venaient de coloniser et qui a été
abandonné lors de l’indépendance du Vietnam en 939. Ce mot, tiré du chinois
classique 安南 ān nam « paix
sud » signifie plutôt « le sud pacifié ». C’est ce mot qui a été
repris au 19ème siècle par la colonisation française pour désigner
aussi bien la région centrale du Vietnam que le pays lui-même. Le mot Annam n’a
jamais été utilisé par les « Annamites » eux-mêmes et il est toujours
perçu par les Vietnamiens comme dégradant.
C’est ce sinogramme 南 nán
« sud » anciennement prononcé nam que l’on retrouve dans le mot
Vietnam qui signifie littéralement « Viets du sud ». Ce sinogramme 南 entre fréquemment dans la toponymie chinoise et on le retrouve dans les mots Yunnan
(雲(云)南 yún nán « sud des nuages »)
ou Hénan 湖南 hé
nán « lac du sud ».
La
première syllabe du mot Annam, le sinogramme 安 ān « paix » est composé de
l’idéogramme 女 nǚ « femme » surmonté de l’idéogramme 宀 mián « toit ». Une femme sous un
toit, c’est donc la paix, ān que l’on retrouve dans le nom de la place
Tienanmen « porte de la paix céleste » 天安門(门) tiān ān mén, désormais célèbre pour sa
révolution réprimée.
L'idéogramme 門
mén « porte » a été phonétiquement emprunté par le coréen 문
mun « porte » et
graphiquement par le japonais 門 prononcé /do/ ou /kado/ « porte » que l’on retrouve dans le mot
mikado. Dans cet ancien terme impérial (御 門 /mi kado/), le mot 御 /mi/ est un titre
honorifique qui précèdant le mot porte signifie « splendeur de la porte (du palais) ». C’est ce mot mikado qui a été
utilisé pour nommer un jeu de baguettes venu d’Asie.
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