Le mot raïs a retrouvé sa place dans le vocabulaire des médias depuis la chute des présidents irakiens, égyptiens et tunisiens et celle tant attendue du chef de l’État syrien. Le mot arabe رائس /ra’īs/ qui signifie tout simplement « président » provient de la racine راس /rās/ qui nomme aussi bien la « tête », le « cap » que « début ». On trouve ainsi en arabe la même analogie de sens que dans les mots français tête et chef (Cf. « couvre-chef » ou « être à la tête de l'Etat ») mais aussi tête et début (Cf. « tête de fil, entête »). En arabe le Nouvel An se nomme رأس السنة /rās as-sanat/, cognat de l’hébreu ראש השנה Rosh Hachana « le début (tête) de l’année ». Si le Nouvel An est d’une importance toute relative dans l’islam, Rosh Hachana trouve un intérêt particulier dans le judaïsme.
Dans le domaine géographique, le mot راس /rās/ désigne un cap comme on en trouve la trace dans le nom du رأس الخيمة Ras al-Khaimah, le « cap de la tente » un des Émirats Arabes Unis.
Dans l’argot des banlieues, le mot راس /rās/ a trouvé une place étonnante qui porte à malentendu. L’expression « j’lui nique sa race » dénote bien l’intention de « lui casser la tête » et pas de s’en prendre à son origine ethnique…
La généalogie du mot ne s’arrête pas là. Le راس /rās/ arabe comme le ראש /rōš/ hébreu proviennent tous deux de la racine sémitique /*ra’š/ « tête » qui est à l’origine du mot amharique /ras/ « tête ». L’amharique est une langue sémitique parlée en Éthiopie, terre mythique du mouvement rastafari et c'est bien ce /ras/ « tête » que l’on retrouve dans la première partie de ce mot tiré du titre honorifique Ras Tafari « le chef redouté ». Ce titre fut celui donné à l’empereur Haïlé Sellassié le 225ème descendant de Salomon et de la reine de Sabaa, pour les Rastas, réincarnation de Jésus venu sauver la nation noire.
On verra plus tard comment cette racine sémitique est aussi à l’origine de notre lettre R
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